Publié le 15 mai 2024

L’idée reçue est que l’autoconsommation est une économie passive. La réalité est que la rentabilité maximale s’atteint par une gestion active, où chaque kWh auto-consommé vaut presque le double d’un kWh revendu.

  • Synchroniser la consommation avec la production solaire (11h-16h) est plus rentable que de profiter des heures creuses nocturnes.
  • Les gestionnaires d’énergie et routeurs solaires automatisent cette synchronisation, offrant un retour sur investissement de 2 à 5 ans.

Recommandation : Analysez vos courbes de consommation et de production pour identifier les appareils énergivores à décaler. C’est la première étape, gratuite, vers les 70% d’autoconsommation.

Vous avez investi dans une installation photovoltaïque, animé par la promesse d’indépendance énergétique et de factures allégées. Pourtant, mois après mois, le constat est souvent le même : malgré un soleil généreux, votre taux d’autoconsommation peine à décoller, stagnant autour de 30-40%. La facture d’électricité, bien que réduite, reste plus élevée que prévu. Instinctivement, on vous conseille de « faire tourner les machines la journée », un conseil de bon sens mais qui ne révèle que la partie visible de l’iceberg.

Le véritable enjeu n’est pas simplement de consommer quand le soleil brille, mais de transformer votre foyer en un système énergétique intelligent. Il s’agit de devenir le stratège de vos propres flux énergétiques. Le paradigme change : vous n’êtes plus un simple consommateur subissant les tarifs, mais le gestionnaire d’une micro-centrale électrique personnelle. Chaque kilowattheure produit devient un actif précieux qu’il faut arbitrer : le consommer immédiatement pour une économie maximale, ou le laisser partir sur le réseau pour un revenu modeste ?

La clé pour passer de 30% à 70% d’autoconsommation ne réside pas dans l’ajout de panneaux, mais dans une approche méthodique de synchronisation active. C’est une stratégie où la technologie, comme les gestionnaires d’énergie ou les délesteurs, vient appuyer des décisions intelligentes sur vos habitudes de consommation. Oubliez les vieilles habitudes comme les heures creuses nocturnes, qui deviennent contre-productives dans ce nouveau modèle économique.

Cet article vous guidera à travers les mécanismes et les stratégies pour maîtriser cet arbitrage. Nous verrons pourquoi l’autoconsommation est structurellement plus rentable que la revente, comment orchestrer le ballet de vos appareils, quels outils choisir pour automatiser cette optimisation, et si l’investissement dans une batterie est aujourd’hui une décision économiquement viable pour vous.

Pour vous aider à naviguer dans cette stratégie d’optimisation, cet article est structuré pour vous guider pas à pas, des fondamentaux économiques aux solutions techniques avancées. Voici le plan de votre parcours vers la maîtrise de votre autoconsommation.

Pourquoi autoconsommer 1 kWh vous fait-il économiser 0,18 € alors que le revendre ne rapporte que 0,10 € ?

La rentabilité de votre installation photovoltaïque repose sur un calcul simple mais souvent sous-estimé : l’arbitrage énergétique entre la consommation de votre propre production et la revente du surplus. Comprendre la valeur réelle d’un kWh « maison » est la première étape pour prendre les bonnes décisions. Un kWh que vous produisez et consommez instantanément vous fait économiser le prix d’achat d’un kWh sur le réseau. En France, avec un prix du kWh qui avoisine les 0,1952 € en option base, chaque kWh autoconsommé représente une économie directe et immédiate de ce montant. De plus, ce kWh est exonéré de toutes les taxes qui alourdissent votre facture : CSPE (Contribution au Service Public de l’Électricité), TCFE (Taxes sur la Consommation Finale d’Électricité) et TVA.

À l’inverse, un kWh que vous ne consommez pas est injecté sur le réseau et vendu à EDF Obligation d’Achat (OA) à un tarif fixé par l’État pour 20 ans. Ce tarif se situe généralement entre 0,10 € et 0,13 €/kWh pour les installations résidentielles. L’écart est donc flagrant : vous « gagnez » près de deux fois plus en évitant d’acheter un kWh qu’en le vendant. Cette différence de valeur est le moteur de toute stratégie d’optimisation. La rentabilité de votre investissement initial dépend moins de la quantité d’électricité que vous vendez que de votre capacité à substituer au maximum votre consommation réseau par votre production locale.

Cette logique est d’autant plus puissante sur le long terme. Le tarif de rachat est fixe, mais le prix de l’électricité, lui, ne cesse d’augmenter. Une étude sur l’évolution des prix montre qu’entre 2011 et 2025, le prix du kWh a augmenté de 67%. Autoconsommer, c’est donc se prémunir contre cette inflation énergétique. Chaque kWh autoconsommé aujourd’hui vous fera économiser encore plus demain. La revente du surplus doit être vue non comme l’objectif principal, mais comme une valorisation bienvenue de la production inévitablement non consommée.

Le tableau suivant illustre clairement la supériorité économique de l’autoconsommation par rapport à la simple revente du surplus.

Comparaison de la valeur d’1 kWh solaire : autoconsommation vs revente
Critère Autoconsommation Revente du surplus
Économie/Gain par kWh 0,1952 € 0,10 € à 0,13 €
Taxes évitées CSPE, TCFE, TVA Aucune
Évolution sur 20 ans Suit la hausse du prix de l’électricité Tarif fixe garanti
Impact immédiat Réduction directe de la facture Revenu complémentaire

Comment décaler vos consommations énergivores pour passer de 30% à 65% d’autoconsommation ?

Le passage d’un taux d’autoconsommation de base à un niveau optimisé repose sur une action concrète : la synchronisation active de vos consommations avec votre production. Le « talon de consommation » de votre maison (réfrigérateur, box internet, veille des appareils) est inévitable et assure un socle d’autoconsommation. L’enjeu est de faire coïncider les pics de consommation de vos appareils les plus énergivores avec les pics de production de vos panneaux, généralement situés entre 11h et 16h.

Cette démarche commence par une phase d’analyse. Grâce à l’application de votre onduleur ou aux données de votre compteur Linky, vous pouvez visualiser vos courbes de production et de consommation. L’objectif est d’identifier les « vallées » de consommation en pleine journée et de les combler avec des usages intelligemment décalés. Les candidats idéaux sont les appareils programmables ou dont l’usage n’est pas contraint à une heure précise : le chauffe-eau, le lave-linge, le lave-vaisselle, la pompe de la piscine, et surtout, la recharge d’un véhicule électrique.

Le graphique ci-dessous illustre parfaitement la différence entre une consommation standard et une consommation optimisée pour l’autoconsommation. L’objectif est de « remplir » la courbe de production solaire avec vos propres usages, minimisant à la fois l’injection de surplus et le soutirage sur le réseau.

Graphique comparatif montrant l'alignement de la consommation électrique avec la production solaire

Déplacer le cycle du lave-vaisselle de 22h à 14h, ou programmer la chauffe de votre ballon d’eau chaude à 13h plutôt que pendant la nuit, sont des changements d’habitudes qui ont un impact direct et massif sur votre taux d’autoconsommation. Pour les appareils non programmables, des prises connectées peu coûteuses peuvent automatiser ce processus. Cette stratégie simple, basée sur la logique et l’observation, peut à elle seule faire bondir votre taux d’autoconsommation de 30% à plus de 60%, sans dépenser un euro de plus en matériel.

Votre plan d’action pour synchroniser consommation et production

  1. Analysez votre production solaire heure par heure via l’application de votre onduleur pendant 7 jours.
  2. Identifiez vos pics de production (généralement entre 11h et 15h).
  3. Programmez votre chauffe-eau pour fonctionner entre 12h et 16h plutôt que la nuit.
  4. Décalez le fonctionnement du lave-linge et lave-vaisselle aux heures de production maximale.
  5. Si vous avez un véhicule électrique, programmez sa charge entre 10h et 16h les jours ensoleillés.

Routeur solaire ou gestionnaire d’énergie : quel équipement pour optimiser votre autoconsommation ?

Une fois la synchronisation manuelle mise en place, l’étape suivante pour maximiser votre taux d’autoconsommation est l’automatisation. Deux grandes familles d’équipements permettent d’orchestrer intelligemment vos flux énergétiques : les routeurs solaires et les gestionnaires d’énergie. Bien qu’ils partagent le même objectif, leur approche et leur complexité diffèrent.

Le routeur solaire est une solution simple et très efficace. Son rôle est de mesurer en temps réel le surplus d’électricité qui devrait être injecté sur le réseau. Dès qu’il détecte ce surplus, il le « détourne » pour alimenter un appareil spécifique, le plus souvent le ballon d’eau chaude. Au lieu de vendre ce surplus à 0,10€, vous l’utilisez pour chauffer votre eau, vous évitant ainsi d’acheter de l’électricité à 0,19€ plus tard. C’est l’optimisation la plus rentable et avec le retour sur investissement le plus rapide.

Le gestionnaire d’énergie est le « cerveau » de votre maison. Plus complexe et plus cher, il va au-delà du simple pilotage du chauffe-eau. Il peut se connecter à plusieurs appareils (chauffage, pompe de piscine, borne de recharge VE) et les activer de manière hiérarchisée en fonction du niveau de production solaire. Il peut même moduler la puissance de certains appareils pour consommer exactement le surplus disponible, sans jamais avoir à soutirer du réseau. C’est la solution ultime pour ceux qui ont de multiples usages énergivores à piloter et qui visent les plus hauts taux d’autoconsommation, avec des économies pouvant atteindre jusqu’à 70% sur la facture.

Certains équipements se distinguent par leurs fonctionnalités avancées. Comme le souligne la documentation technique d’Arsun Concept, leur solution offre une compatibilité unique :

ARSUN est actuellement le seul routeur autonome qui soit compatible batterie. Il est beaucoup plus rentable de chauffer l’eau avant de charger les batteries.

– Arsun Concept, Documentation technique Arsun

Le choix entre un routeur et un gestionnaire dépend donc de votre profil : un routeur est idéal pour une maison standard avec un ballon électrique, tandis qu’un gestionnaire prend tout son sens dans une maison « tout électrique » avec piscine, pompe à chaleur et véhicule électrique. Le tableau suivant compare deux solutions représentatives du marché français.

Comparatif des solutions d’optimisation : routeur vs gestionnaire
Critère Routeur Arsun Gestionnaire Comwatt
Prix 400-800 € 1000-2000 €
Installation Simple (2h) Complexe (4-6h)
Fonctions Pilotage chauffe-eau Gestion multi-appareils
Compatible batteries Oui (12V, 24V, 48V) Oui
Retour sur investissement 2-3 ans 4-5 ans
Idéal pour Pavillon avec ballon électrique Maison avec piscine, PAC, VE

L’erreur qui ruine votre autoconsommation : faire tourner vos appareils la nuit pour profiter des heures creuses

Pendant des décennies, le réflexe a été martelé : profitez des heures creuses pour faire des économies. Avec une installation photovoltaïque en autoconsommation, ce conseil devient non seulement obsolète, mais économiquement absurde. C’est l’erreur la plus commune qui empêche les propriétaires de panneaux solaires de maximiser leur rentabilité. La logique est implacable : pourquoi payer de l’électricité, même à un tarif réduit, alors que vous pouvez en avoir gratuitement quelques heures plus tard ?

Le calcul est simple. Le tarif des heures creuses se situe autour de 0,1635 €/kWh. En comparaison, l’électricité que vous produisez et consommez vous coûte 0 €. Chaque kWh que vous faites tourner la nuit au lieu de le programmer en pleine journée représente une perte sèche de 0,1635 €. Pire encore, ce kWh que vous auriez pu autoconsommer sera probablement injecté sur le réseau et vendu à seulement 0,10 €. Vous êtes donc doublement perdant : vous payez pour consommer la nuit et vous ne maximisez pas la valeur de votre production diurne.

Pour la grande majorité des foyers équipés en panneaux solaires, l’option tarifaire Heures Pleines/Heures Creuses (HP/HC) n’est plus rentable. Le léger gain nocturne est largement effacé par deux facteurs : le surcoût de l’abonnement HP/HC (environ 20€ par an) et surtout le prix plus élevé des heures pleines (autour de 0,2081 €) par rapport au tarif de base (0,1952 €). Or, même avec une optimisation, une partie de votre consommation aura lieu en dehors des heures de production solaire (le matin, le soir). Payer cette consommation inévitable au prix fort des heures pleines est un mauvais calcul.

La question de résilier son contrat HP/HC doit donc être sérieusement envisagée. Voici une méthodologie simple pour prendre votre décision :

  • Analysez vos données de consommation (via Linky) pour voir la part de votre consommation en heures creuses.
  • Calculez le surcoût annuel de votre abonnement HP/HC par rapport à un abonnement Base.
  • Si vous consommez moins de 40% de votre électricité totale pendant les heures creuses, le passage au tarif Base est presque toujours plus avantageux.
  • Les seules exceptions concernent les foyers sans production solaire ou ceux qui ont un besoin de chauffage électrique nocturne très important en hiver, non compensable par la production solaire.

Batterie domestique : investir 5000 € pour passer de 60% à 80% d’autoconsommation est-il rentable ?

La batterie de stockage est souvent présentée comme le Graal de l’autoconsommation, la clé pour atteindre une quasi-autonomie en stockant le surplus de la journée pour le consommer le soir et la nuit. L’idée est séduisante, mais la question de la rentabilité est complexe et mérite une analyse froide. L’investissement est conséquent, et son amortissement dépend de nombreux facteurs.

Le principal avantage d’une batterie physique est de pouvoir augmenter significativement son taux d’autoconsommation, passant typiquement de 60% (avec une bonne optimisation) à 80-90%. Elle offre également une sécurité en cas de coupure de courant. Le marché évolue vite, et l’on observe une réduction de 28% du prix des batteries lithium entre 2021 et 2024, ce qui améliore progressivement leur équation économique. Cependant, avec un coût encore élevé (700-1000 €/kWh de capacité), le temps de retour sur investissement se situe souvent entre 7 et 10 ans en France, une durée proche de la durée de vie garantie de la batterie elle-même.

Face à ce constat, une alternative a émergé : la batterie virtuelle. Il ne s’agit pas d’un produit physique mais d’un service proposé par certains fournisseurs d’énergie. Le principe : votre surplus est injecté et comptabilisé dans un « stock virtuel ». Le soir, vous pouvez « récupérer » cette énergie sur le réseau à un tarif très avantageux, voire gratuitement, en ne payant que les frais d’acheminement. Le coût est un abonnement mensuel modique, rendant la rentabilité immédiate. Le principal inconvénient est la dépendance totale à un fournisseur et des conditions contractuelles qui peuvent évoluer.

Installation de batterie domestique dans un garage moderne avec onduleur et système de gestion

Aujourd’hui, l’investissement dans une batterie physique se justifie surtout pour les projets visant une forte indépendance du réseau ou pour les sites isolés. Pour la majorité des foyers cherchant une optimisation purement économique, le couple « routeur solaire + optimisation des usages » reste la solution la plus rentable. La batterie virtuelle représente un excellent compromis pour valoriser le surplus sans un lourd investissement initial.

Ce tableau résume les forces et faiblesses des deux approches pour vous aider à faire le meilleur arbitrage en fonction de vos objectifs.

Comparaison des solutions de stockage : batterie physique vs batterie virtuelle
Critère Batterie physique LFP Batterie virtuelle
Coût initial 700-1000 €/kWh 1-50 €/mois d’abonnement
Durée de vie 10-15 ans Illimitée
Maintenance Minimale Aucune
Indépendance réseau Totale Dépendance fournisseur
Rentabilité 7-10 ans Immédiate si bien négociée

Consommer ou revendre votre production solaire : quel modèle économique en France en fonction des tarifs actuels ?

En tant que producteur d’électricité solaire en France, vous n’êtes pas face à un seul modèle, mais à un choix stratégique qui doit correspondre à votre profil et à vos objectifs. Le cadre réglementaire français, défini notamment par le gouvernement, propose principalement trois régimes pour valoriser votre production. Comprendre ces options est la base pour construire votre propre modèle économique.

Les trois options principales sont les suivantes :

  • L’autoconsommation totale : Vous consommez l’intégralité de votre production. Le surplus n’est pas injecté sur le réseau (ou l’est à titre gratuit). Ce modèle, simple administrativement, est rarement optimal car il implique de perdre la valeur du surplus inévitable. Il est surtout adapté aux sites isolés non raccordés au réseau.
  • L’autoconsommation avec vente du surplus : C’est le modèle le plus courant et le plus recommandé pour les particuliers. Vous consommez ce dont vous avez besoin en priorité, et l’excédent est automatiquement vendu à un tarif d’achat garanti sur 20 ans. C’est le modèle qui offre le meilleur arbitrage économique, en combinant les économies de l’autoconsommation et un revenu complémentaire.
  • La vente totale : Vous injectez et vendez 100% de votre production au réseau à un tarif d’achat garanti. Vous restez un consommateur classique pour vos propres besoins. Ce modèle peut être intéressant pour les résidences secondaires peu occupées, où le taux d’autoconsommation serait de toute façon très faible.

Le modèle de l’autoconsommation avec vente du surplus est celui qui justifie toutes les stratégies d’optimisation décrites dans cet article. L’objectif est de faire tendre le « surplus » vers zéro en maximisant la part autoconsommée. Les données publiques montrent d’ailleurs que les projets les plus performants y parviennent. Selon le Ministère de la Transition Écologique, le taux d’autoconsommation moyen des projets lauréats des appels d’offres, qui sont optimisés par nature, atteint un impressionnant 97,6%. Cela démontre que la quasi-totalité de l’énergie peut être consommée localement avec une bonne stratégie.

Le choix du modèle économique n’est donc pas anodin. Pour une résidence principale, l’autoconsommation avec revente du surplus est la voie royale vers la rentabilité, à condition d’adopter une posture de gestionnaire actif de sa production pour s’approcher des taux d’optimisation les plus élevés.

Comment installer un délesteur 4 zones pour ne jamais dépasser 9 kVA ?

L’optimisation de l’autoconsommation peut engendrer des pics de consommation importants lorsque plusieurs appareils énergivores (chauffe-eau, lave-linge, recharge VE) sont activés simultanément en milieu de journée. Ce cumul de puissance peut dépasser la limite de votre abonnement (par exemple 9 kVA), provoquant une disjonction. Le délesteur est l’appareil qui prévient ce risque en gérant intelligemment les priorités.

Un délesteur moderne, souvent intégré à un gestionnaire d’énergie, surveille la consommation totale de la maison en temps réel. Si la consommation approche du seuil de l’abonnement, il coupe temporairement l’alimentation des appareils jugés « non prioritaires » pour éviter la surcharge. Une fois la pointe de consommation passée, il les réactive. Un délesteur « 4 zones » permet de définir un ordre de délestage fin, en cascade.

Voici un exemple de configuration pour un pilotage intelligent et sécurisé :

  1. Définir l’ordre de priorité : La zone 1 (priorité maximale) inclut les circuits essentiels (éclairage, prises, réfrigérateur) qui ne seront jamais coupés. La zone 2 peut être le chauffage, la zone 3 la recharge du véhicule électrique, et la zone 4 (priorité la plus faible) le chauffe-eau.
  2. Installer les tores de mesure : Des pinces ampèremétriques sont placées sur les phases du tableau électrique pour mesurer la consommation globale.
  3. Paramétrer le seuil de délestage : Pour un abonnement de 9 kVA, on configure généralement le seuil à 8,5 kVA pour conserver une marge de sécurité.
  4. Configurer le mode cascade : Le système coupera d’abord la zone 4, puis la 3 si nécessaire, et ainsi de suite, pour maintenir la consommation totale sous le seuil.
  5. Intégrer avec le surplus solaire : Un système avancé peut aller plus loin. Il n’active les circuits non prioritaires (comme le chauffe-eau) que s’il y a un surplus de production solaire suffisant.

Un retour d’expérience sur un système avancé comme ARSUN illustre bien cette finesse de pilotage :

Avec un routeur standard il y a compétition entre le routeur et votre onduleur. ARSUN permet de créer des règles fines : si la production solaire est supérieure à 3kW, alors activer le chauffe-eau. Si elle est supérieure à 4kW, activer en plus la recharge lente du véhicule électrique.

– Retour d’expérience sur Arsun Concept

Le délesteur est donc plus qu’une simple sécurité. C’est un outil stratégique qui permet non seulement d’éviter les disjonctions, mais aussi de maximiser l’utilisation du surplus solaire en activant les charges de manière intelligente et hiérarchisée, sans jamais mettre en péril la stabilité du réseau domestique.

À retenir

  • La rentabilité de l’autoconsommation repose sur l’arbitrage : un kWh autoconsommé (valeur ~0,19€) est presque deux fois plus rentable qu’un kWh revendu (valeur ~0,10€).
  • La synchronisation active, consistant à décaler les usages énergivores entre 11h et 16h, est la clé pour passer de 30% à plus de 60% d’autoconsommation sans surcoût.
  • Les gestionnaires d’énergie et routeurs solaires automatisent cette synchronisation en pilotant intelligemment les appareils (chauffe-eau, VE) en fonction du surplus de production.

Gestionnaire d’énergie domestique : comment réduire vos pointes de consommation de 40% automatiquement ?

Le gestionnaire d’énergie domestique est l’aboutissement de la stratégie d’optimisation. Il agit comme un chef d’orchestre qui non seulement synchronise la consommation avec la production, mais lisse également les pics de demande pour une efficacité maximale. Son rôle va bien au-delà de la simple activation/désactivation d’appareils : il module la consommation pour qu’elle épouse parfaitement la courbe de production solaire.

Étude de Cas : Le pilotage intelligent d’une pompe à chaleur

Une des stratégies les plus avancées, mise en œuvre par des systèmes comme Comwatt, est l’utilisation de l’inertie thermique du bâtiment. Pendant le pic de production solaire (par exemple à 14h), le gestionnaire va sur-chauffer (en hiver) ou sur-refroidir (en été) la maison de 1°C par rapport à la consigne. Cette énergie « stockée » dans la masse des murs et du mobilier crée un tampon thermique. Le soir, lorsque la production solaire s’arrête, la pompe à chaleur se déclenchera beaucoup plus tard, décalant ainsi sa consommation de plusieurs heures et réduisant drastiquement le besoin de soutirer de l’électricité du réseau au prix fort.

Cette approche permet de transformer des appareils non pilotables (comme une pompe à chaleur à fonctionnement continu) en outils de stockage d’énergie flexibles. Le gestionnaire d’énergie ne se contente pas de réagir au surplus, il anticipe les besoins et utilise les ressources physiques de la maison (eau chaude, masse thermique) comme des batteries virtuelles. C’est cette intelligence qui permet de réduire les pointes de consommation jusqu’à 40% et d’atteindre les taux d’autoconsommation les plus élevés.

L’investissement dans un tel système est rentabilisé par les économies générées. Le retour sur investissement dépend du profil de consommation, mais il est souvent accéléré par un bénéfice indirect : la possibilité de réduire la puissance de son abonnement électrique. En lissant les pics, un gestionnaire peut permettre de passer d’un abonnement de 12 kVA à 9 kVA, générant une économie immédiate et récurrente sur la partie fixe de la facture.

Le tableau ci-dessous, basé sur des données de marché, illustre la rentabilité d’un gestionnaire d’énergie selon différents profils d’utilisateurs en France.

Analyse du retour sur investissement (ROI) d’un gestionnaire d’énergie
Profil utilisateur Investissement Économie annuelle ROI
Famille 4 personnes, tout électrique 1500 € 400 € 3,7 ans
Couple avec PAC et VE 2000 € 600 € 3,3 ans
Retraités chauffage électrique 1500 € 350 € 4,3 ans
Possibilité réduction abonnement 12 à 9 kVA 0 € 40 €/an Immédiat

Vous possédez désormais toutes les clés pour transformer votre installation photovoltaïque d’un simple générateur de revenus passifs en un système énergétique actif et hautement rentable. Il est temps de passer de producteur passif à gestionnaire stratégique de votre propre énergie, en appliquant ces principes pour atteindre et dépasser l’objectif de 70% d’autoconsommation.

Questions fréquentes sur la revente de surplus solaire en France

Quelle est la durée du contrat d’obligation d’achat ?

Le contrat avec EDF Obligation d’Achat est garanti sur une durée de 20 ans. Le tarif de rachat de votre surplus est fixe et défini à la date de la signature de votre contrat, vous assurant une visibilité sur vos revenus pour les deux décennies à venir.

Quelle est la fiscalité des revenus photovoltaïques ?

En France, la fiscalité est très avantageuse pour les petites installations. Pour les installations d’une puissance inférieure ou égale à 3 kWc, les revenus issus de la vente du surplus sont totalement exonérés d’impôt sur le revenu.

Quelles sont les démarches administratives obligatoires ?

Pour pouvoir injecter et vendre votre surplus, plusieurs étapes sont nécessaires : obtenir une attestation de conformité de votre installation par le Consuel, faire une demande de raccordement auprès d’Enedis (le gestionnaire de réseau), et effectuer une déclaration préalable de travaux en mairie avant l’installation.

Rédigé par Marc Bertrand, Marc Bertrand est diagnostiqueur immobilier certifié COFRAC et formateur agréé Consuel depuis 15 ans, spécialisé en sécurité des installations électriques domestiques. Titulaire d'un BTS Électrotechnique et d'une certification de diagnostiqueur avec mention électricité, il réalise plus de 300 diagnostics électriques obligatoires par an pour des particuliers et des professionnels de l'immobilier.